Un article rédigé dans la Revue Gestion et Finances Publiques (ex. Revue du Trésor) avec Nicolas Dupas et Arnaud Voisin de la Caisse des Dépôts et Consignations et Adrien Gaubert.
« D’une crise à l’autre :
quels enseignements de la crise de 2008 pour les partenariats
public-privé ? », avec Nicolas Dupas, Adrien Gaubert et Arnaud Voisin, Gestion et Finances Publiques, n°1,
janvier 2012, pp.51-59.
Un résumé de notre texte
Les partenariats public-privé (PPP) ont introduit au sein de
la sphère publique un modèle de financement de projet (project finance).
Celui-ci repose sur la création d’une société dédiée dont le financement est,
pour une part très significative (souvent supérieure à 90 %), constitué par de
la dette apportée par des institutions bancaires ou parfois par l’émission
d’obligations. Le développement des PPP au cours de la décennie écoulée est
étroitement lié à un contexte de liquidité abondante et peu coûteuse sur les
marchés financiers, contexte auquel la crise des subprimes de 2008 a mis un
terme brutal.
Le risque était alors d’assister à un très net resserrement
du crédit (credit crunch) rendant plus difficile sinon impossible le
financement des opérations à fort effet de levier. De fait, durant le dernier
trimestre 2008, de nombreux projets de PPP ont vu leur clôture financière
décalée du fait de l’indisponibilité de financements privés et les primes de
risque vis-à-vis de la dette souveraine (les spreads) ont augmenté
significativement. Toutefois, cette
conjoncture défavorable n’a pas entrainé la disparition des PPP. Ils ont même
été l’un des leviers privilégiés des politiques publiques de relance par les
investissements, du fait des contraintes budgétaires dues à l’augmentation des
déficits durant la récession et à l’élévation subséquente de la dette publique.
Ce nouveau rôle dévolu aux PPP induit cependant
potentiellement une transformation de leur logique intrinsèque. Ces derniers
participent-ils toujours d’une logique d’efficacité microéconomique en termes
de gestion de projet visant à maximiser la valeur pour le contribuable (la
value for money) ou s’inscrivent-ils désormais plus dans une logique
macroéconomique visant à rechercher un levier aux financements privés en vue du
soutien de l’activité et de la fourniture d’infrastructures publiques ? Une
transformation de leur équilibre économique peut en effet être observée. La
levée des fonds nécessaires aux bouclages financiers et le maintien de niveaux de
levier élevés ont eu comme contreparties une modification de la répartition
contractuelle des responsabilités et, dans une certaine mesure, une évolution
de la définition des projets eux-mêmes. La crise a donc accru les risques pour
les contractants publics. En premier lieu, la concurrence pour le financement a
été considérablement réduite. La nécessité d’associer de nombreuses banques
dans les clubs deals ne permet plus de peser sur les primes de risques et les
exigences de garanties. En second lieu, une part croissante des risques a été
réinternalisée par le contractant public, notamment par le biais des mécanismes
de garantie financière de la dette de la société projet.
Le PPP a-t-il préservé ses qualités intrinsèques en termes
incitatifs ou, de façon peut être paradoxale, la crise n’a telle pas conduit à
une allocation des risques plus raisonnable entre contractants publics et
privés et à un renforcement des mécanismes prudentiels associés? Nous analysons
tout d’abord les montages financiers associés aux PPP en mettant en exergue les
effets de la crise financière de 2008. Nous montrons ensuite comment le choix
de faire de ces contrats un instrument de relance par l’investissement a
conduit à modifier la répartition habituelle des risques au travers, notamment,
des mécanismes de garantie publique. Enfin, nous envisageons dans quelle mesure
ces évolutions se traduisent par des risques additionnels pour les contractants
publics en mettant en balance les effets désincitatifs de ces évolutions avec
les gains potentiel issus d’une meilleure appréhension des risques dans les
contrats et d’un contrôle plus strict des engagements comptables qui leur sont
liés.
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